Réponse d'un aficionado à Aymeric Caron et à sa proposition de supprimer la corrida

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Les paseos qui tout l'été résonnent dans les arènes où se pressent des millliers de personnes ont donné l'idée au député Aymeric Caron de proposer à l'assemblée une loi qui interdirait les corridas....

Vous ne possédez pas monsieur Aymeric Caron cet esprit de tradition, de racines qui se transmettent de génération en génération avec peut-être des modifications parfois mais une base solide toujours présente.

Je ne remonterai pas à l'époque préhistorique où l'homme de Cromagnon poursuivait les animaux pour les manger mais j'évoquerai quelques textes, des documents d'église qui contenaient des arrêtés visant à supprimer au Moyen Age les affrontements homme animal

A cette époque-là, les éleveurs lorsqu'ils livraient une bête à l'abattoir la lâchaient dans les rues de la ville et  jeunes et  moins jeunes tentaient de l'écarter, de la sauter et parfois mouraient à ses pieds. Il y eut en effet de nombreuses victimes, ce qui amena le clergé à excommunier ces gens qui affrontaient des bêtes dans la rue.

L'Intendant d'Etigny comprit que tous ces arrêtés ne serviraient à rien et que les racines étaient trop profondes pour empêcher ces affrontements.

Il essaya de trouver une solution pour faire face aux dangers engendrés par ces combats.

Il autorisa ces manifestations "sportives" sous réserve qu'elles aient lieu dans un cercle fermé.

C'est ainsi que les paysans disposaient leurs charrettes pour fermer la place du village, puis on y amenait les vaches et les toros et commençait alors ce que nous appelons le spectacle taurin, c'est-à-dire un homme face à un animal.

Ses détracteurs affirment que d'origine espagnole, la corrida ne fut importée en France par l'épouse de Napoléon qu'en 1853 et qu'elle ne relève donc pas d'une tradition ancestrale.

Mais l'affrontement entre l'homme et l'animal existait déjà en France depuis bien longtemps  !

Ce que dénoncent avant tout ses opposants, c'est le moment de la mise à mort de l'animal d'un coup de lame et les blessures qui lui ont été infligées au préalable.

Mais il faut savoir que plus l'animal reçoit de piques, plus son agressivité augmente.

Ils occultent surtout tout ce qui précède la mise à mort ; avant cet ultime moment, c'est à un véritable spectacle que l'on assiste, une véritable chorégraphie qui a inspiré de nombreux écrivains, peintres, sculpteurs...

Et le toro vaillant peut être gratifié d'une "vueta al ruedo" pour saluer son courage ou même être grâcié.

En revanche, les toros charolais, limousins.. sont conduits à l'abattoir sans honneur aucun

Récemment, je regardais un éleveur charger dans son camion 7 ou 8 bêtes pour les conduire à l'abattoir : ces bêtes étaient entassées et s'agitaient dans le petit espace.

Je pensais alors aux toros que l'on amène du campo dans les corrals : même s'ils passent d'espaces immenses à un lieu plus restreint, on ne constate pas cette agitation.

Monsieur Caron devrait se rendre en Espagne et se promener dans les campos pour admirer des animaux magnifiques qui vont vivre pendant quatre années en liberté dans des espaces immenses avec une nourriture en abondance.

Cette vie heureuse en liberté, il faut la voir pour l'appréhender.

Vous voulez supprimer les corridas Aymeric Caron, mais avez-vous pensé à ce que vont devenir toutes ces prairies qui sont de vraies réserves écologiques où vivent les toros de combat ?

Elles deviendront des terres cultivées de manière intensive et industrielle et les toros partiront à l'abattoir.

Certes, arrive ensuite le moment de la corrida où le toro est combattu.

Le combat est sans doute  inégal mais c'est  tout de même un combat dont il s'agit, un combat au cours duquel le toro peut se défendre.

Lorsque les toreros rentrent dans l'arène, c'est leur vie qu'ils mettent en jeu.

Ils implorent les divinités, dessinent des croix dans le sable en priant pour l'emporter sur l'adversaire.

Quand le torero plante l'épée dans un endroit très réduit, il doit s'avancer dans le berceau des cornes et ainsi engager sa propre vie.

Regardez le visage d'un torero au moment de la mise à mort...

Les éleveurs landais, mirandais, essaient aujourd'hui de préserver des races anciennes qui tendent à disparaître.

Il en est de même pour les toros de combat élevés en Espagne : avec la suppression de la corrida, ce sont des races qui disparaîtront à jamais.

Monsieur Caron avance des pourcentages de personnes favorables à la suppression de la corrida de l'ordre de 75 % mais quelle est la valeur de l'opinion d'un gars du Nord qui n'a jamais vu une corrida ?

Pour donner son avis et avant de parler de barbarie et d'archaïsme, il faut connaître la corrida et la comprendre.

Interdire la corrida...aux enfants peut-être.

Je pense en effet que ce n'est pas un spectacle à montrer à des enfants qui seront marqués par ce spectacle.

A partir de 16 ans, un jeune peut comprendre et adhérer ou pas.

Il adhèrera si quelqu'un lui explique ce drame de la vie et de la mort.

Cette volonté de supprimer la corrida est très inquiétante car elle suppose d'autres suppressions sous prétexte de sauver l'animal, la chasse, la pêche, tout élevage d'animal pour la  consommation, le gavage des oies...

Ces suppressions vont à l'encontre des lois de la nature.

Vous parlez d'une culture barbare, archaïque, immorale mais c’est une tradition que vous voulez supprimer, ce sont des racines que vous voulez étouffer.

Un parallèle me vient à l'esprit pour conclure, je pense au plant de vigne au pied de l'escalier monumental à Auch, il s'est fixé là et  chaque année, on vendange, une tradition solide qui rassemble...

Pierre DUPOUY

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