En mémoire des Juifs arrêtés à Nogaro et Déportés (participants mis à jour)

DR 00 La foule devant la plaque 1bis 020623.jpg

Un monument du souvenir au cœur de la ville, préparé par des jeunes du lycée d'Artagnan

Ils ont passé le 29 mars 2023 à Auschwitz. Ce sont des lycéens de la section professionnelle du lycée d'Artagnan de Nogaro. Avec 6 heures sur ce site de 50 km², ils y sont restés deux fois plus longtemps que les Juifs qui y ont été exterminés pendant la 2e Guerre mondiale, leur dit la guide sur place. Avec leurs professeurs Mohammed El-Majdoub et Anne Bouij, ils font partie des 160 lycéens d'Occitanie qui ont fait le voyage, avec Carole Delga, présidente de la Région.

   Les lycéens avec le professeur Mohammed El-Majdoub (photo communiquée par Rolande Delord)

Et ils n'en sont pas restés là : une fois revenus à Nogaro, ils ont choisi une plaque de granit qu'ils ont fait graver par les Pompes funèbres d'Éauze et lui ont construit un support, avec l'aide des professeurs déjà cités.

Sur cette plaque, les noms des 5 Juifs arrêtés à Nogaro, déportés et assassinés à Auschwitz : quatre raflés le 26 août 1942, une arrêtée le 21 avril 1944.

La mémoire de cette barbarie est une affaire sérieuse qui doit être cultivée perpétuellement

Des descendants de ces Juifs assassinés sont présents le vendredi 2 juin 2023 pour l'inauguration de la plaque disposée en plein milieu de la place du Bataillon de l'Armagnac à Nogaro.

   Mohammed El-Majdoub, Anne Bouij et Rozenn Joubaire (photo communiquée par Rolande Delord)

La cérémonie rassemble d'abord les participants à la salle du conseil de la mairie où plusieurs discours sont prononcés. Il y la proviseure Rozenn Joubaire, les professeurs Mohammed El-Majdoub et Anna Bouij, Olivier Dupont, directeur de l'Office national des Anciens combattants du Gers, Francine Théodore-Léveque, déléguée régionale Midi-Pyrénées du Comité français pour Yad Vashem, Daniel Raab, président de la Licra du Gers, Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif de Toulouse), Les Fils et Filles des déportés juifs de France (Association Serge Klarsfeld), le Mémorial de la Shoah, représenté par Remy Sebbah, le Comité gersois et la Fondation pour la mémoire de la Shoah et les lycéens de Nogaro précités.

 

Intervention de Rozenn Joubaire

   Discours de Rozenn Joubaire (photo communiquée par Francine Théodore-Léveque)

Fière de cette réalisation (la plaque), la proviseure remercie les professeurs et leurs élèves pour leur investissement dans « ce magnifique projet ». « Un projet ambitieux qui laisse sa trace dans la commune de Nogaro » dont le personnel de la cité scolaire de Nogaro est très fier. Puis elle remercie les associations précitées de leur présence.

Intervention de Francine Théodore-Léveque

   Discours de Francine Théodore-Léveque (communiquée par elle-même)

À l'heure de la disparition des derniers témoins de ce passé si lointain et si proche – 80 ans – Internet permet de se renseigner sur ce passé, mais une cérémonie comme celle d'aujourd'hui marque plus les mémoires.

Malgré les heures très sombres de la Shoah, « il y a eu des lumières dans la nuit » (Simone Veil) : « Quand la majorité des Européens gardaient le silence sans intervenir et que d'autres collaboraient activement avec les nazis, certaines personnes non-juives choisirent de sauver des Juifs en danger en prenant des risques personnels ». Ce sont « les Justes parmi les Nations », un titre attribué par la Cour suprême de l'État d'Israël. Dans le Gers, on en compte 32 et 4 206 en France au 1er janvier 2022.

De plus, les Justes de France sont honorés au Panthéon depuis le 18 janvier 2007 et une journée nationale est dédiée à la Mémoire des crimes racistes et antisémites le dimanche qui suit l'anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942.Les missions de Yad Vashem :

  • perpétuer le souvenir des 6 millions de juifs assassinés par les nazis et leurs collaborateurs de 1933 à 1945,

  • honorer tous les actes d'héroïsme, de révolte et de sauvetage

  • enseigner cette histoire comme « une balise d'avertissement contre l'antisémitisme, la haine et les génocides à travers le monde.

Une citation de Boris Cyrulnik conclut l'intervention : « L'enseignement de la Shoah n'est pas la répétition et la rumination de ce qui s'est passé, mais c'est chercher à comprendre comment un tel phénomène est arrivé ».

Intervention de Daniel Raab

   Discours de daniel Raab (photo communiquée par Francine Théodore-Léveque)

La mémoire, c'est fondamental ! En particulier contre les négationnistes (1), toujours actifs. C'est fondamental de transmettre le témoignage de cette réalité aux jeunes générations. La Shoah ne doit pas être considérée comme un phénomène banal.

À entendre les jeunes qui ont permis cet événement, on sent une bouffée d'air frais ! Et, ce qui ne gâte rien, ils étudient, ils parlent bien. Cela devient rare...

Samedi 27 mai, au Musée de la Résistance et de la déportation, on commémorait le jour où, il y a 80 ans, Jean Moulin fondait le Conseil National de la Résistance. On y conserve la mémoire des cinq typographes de l'Imprimerie moderne, rue Lamartine à Auch, qui ont imprimé la 1e édition du Chant des partisans. Arrêtés, déportés, seuls deux d'entre eux sont revenus.

S'adressant aux lycéens : « Jeunes lycéens, ce que vous avez fait est de la plus haute importance : la transmission de la Mémoire. Il importe de connaître l'horreur de la barbarie perpétrée par l'un des peuples les plus civilisés, sinon le plus civilisé de la planète : la patrie d'Einstein, de Goethe, de de Kant, de Bach, de Beethoven. (…) J'ai été moi-même confronté à des adeptes des thèses de Faurisson [négationniste] ». Et une thèse de doctorat négationniste a failli passer à Nantes il y a quelques années !

Les rescapés des camps deviennent rares, aussi souvenons-nous de ce qu'a dit le général Eisenhower lors de sa visite des camps : « Rassemblez le maximum de preuves et d'indices : témoignages, photos, films, car il se trouvera bien un jour un enfant de salaud qui prétendra que cela n'a pas existé ! ».

Daniel Raab termine par des vœux pour les lycéens présents.

Inauguration de la plaque, place du Bataillon de l'Armagnac

   Discours de Christian Peyret (photo communiquée par Rolande Delord)

Les participants se rendent sur la place du Bataillon de l'Armagnac. Christian Peyret, maire de Nogaro prononce des paroles fortes.

Il remercie les enseignants et les lycéens pour ce travail de mémoire qui évoque une période sombre de notre histoire. Leurs recherches ont ont permis d'inscrire dans le granit les noms de Rosa et Samuel Fernenbuk, d'Arthur Mayer, de Sacha Swirski et d'Armande Simon.

Il dit son plaisir d'accueillir les familles des déportés et il poursuit : « En nous souvenant de tous et de chacun, nous leur rendons justice. En cet instant, l'histoire hante nos consciences et nous fait un devoir pour toujours. (…) Il y a des moments qui blessent la mémoire et l'idée qu'on se fait de son pays (…) les évoquer est douloureux parce qu'ils souillent à jamais notre histoire ».

Il ajoute : « Se souvenir, c'est donc être là, mais c'est aussi agir. Agir, c'est construire une société dans laquelle : plus jamais ça. Agir, c'est être vigilant et déterminé. Il faut toujours que l'histoire soit dite. Jamais la chaîne ne doit se rompre. Souvenons-nous à jamais de ces victimes de la haine raciale ».

Les participants à la cérémonie retournent à la mairie pour le pot de l'amitié.

   Mohammed El-Majdoub converse avec Rémy Sebbah (Mémorial de la Shoah) lors du pot final

(1) Ceux qui nient la réalité de l'extermination des Juifs notamment dans des camps comme celui d'Auschwitz.

N.B. - Sur la photo du haut de page, communiquée par Francine Théodore-Léveque, la foule recueillie face à la plaque.

DR 6 Francine Theodore-Leveque les lycéens autour de la plaque 1bis 020623.jpg
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DR 7bis Francine Theodore-Leveque la plaque 1bis 020623.jpg
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