Fête du cheval : "Faire du cheval, c'est d'abord l'aimer"...

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Samedi 20 avril aura lieu la fête du cheval organisée par Francis Antoniolli, un amoureux de ces animaux qui nous en a rappelé un autre.

https://lejournaldugers.fr/article/74883-la-fete-du-cheval-cest-samedi-prochain

Nous l'avions interviewé en son temps à Trens sur la commune de Castillon Debats devenu le temple de l'élevage anglo-arable grâce à Gaston Lézian aujourd'hui disparu, un éleveur passionné et passionnant.

Revenons sur nos pas...en 1992...

C'est par une route qu'on nomme par ici Ténarèze - ces chemins de crête qui permettent d'aller des Pyrénées à Bordeaux sans passer pont ni prendre bateau - que vous arrivez au Trens chez Gaston Lézian.

Sur ce lieu-dit s'élevait au XIIIe siècle l'église Saint-Laurent du Trens fondée par les chevaliers de l'ordre de Malte.

Comment un Gascon, le plus souvent éleveur de bovins, s'est-il passionné pour le cheval ?

Gaston Lézian : Je suis né et j'ai passé mon enfance au milieu des chevaux.

Dans son exploitation du Parré, mon père soignait des troupeaux de 10 à 12 chevaux, des bêtes extraordinaires qui vivaient en liberté et que nous montions régulièrement à crû.

Il est vrai que leur alimentation principale était l'herbage des prairies, elles n'avaient pas la nervosité que donne le picotin d'avoine.

En1903 un poulain de son élevage avait été primé par les Haras nationaux.

A cette époque, chaque ferme avait son cheval.

Beaucoup de petits villages organisaient des courses de chevaux pour la fête locale - course attelée s'il vous plaît ! - mon père était toujours au départ avec son sulky dont les brancards étaient deux branches de vergne, les roues, 2 roues de bicyclette, le siège, un siège de faucheuse et la carcasse une « boîte à savon » et Hue Cocotte !

Il y avait aussi compétition sur la route du marché le vendredi quand on se rendait à Vic.

Les conducteurs de chevaux se défiaient et les bêtes étaient lancées à toute allure sur une chaussée plus ou moins bien empierrée - les roues cerclées de fer faisaient jaillir des étincelles - parfois on versait ; il fallait être devant, toujours en tête.

Quand on était plusieurs fois devancé, on changeait de bête...c'est comme aujourd'hui pour les voitures.

Mon père avait le virus, il me l'a transmis !

Comment avez-vous débuté votre élevage au Trens ?

Gaston Lézian : Mon père m'avait donné une jument, c'était vers les années 1950, Fleur de Mai. Elle a eu une pouliche Florizèle remarquée d'ailleurs par les Haras lors de concours.

Elle avait 27 ans quand je m'en suis séparé.

J'ai toujours la même souche.

Quand on est pouliche au Trens, on y finit souvent grand-mère ?

Gaston Lézian :  J'ai actuellement Belle de Jour qui entre dans sa 18e année. Elle n'aura plus de petits mais pas question que je la vende. Elle est l'amie de mes petits enfants.

Quand on se promène dans votre élevage, on est frappé par le calme de vos animaux.

Gaston Lézian :  Vous savez quand on fait du cheval, il faut l'aimer.

Je les « fréquente » beaucoup, je leur parle mais je leur montre tout de même que je suis le maître.

Je peux vous dire que je n'ai jamais reçu un coup de pied.

Une anecdote pour confirmer que le cheval est un ami très proche de l'homme.

Un été, une petite vacancière originaire des Charentes Maritimes avait observé que de temps en temps nous donnions un sucre à nos chevaux.

Un jour nous voyons dans le pré tous les animaux rassemblés en cercle. La petite fille avait emporté la boîte de sucre et elle gâtait les chevaux. Il n'y eut pas la moindre bousculade.

Sur le mur une belle photo d'un cheval franchissant un obstacle : un champion sorti de l'élevage du Trens ?

Gaston Lézian : Il a en effet obtenu un titre de champion de France CSO à Fontainebleau en 1977, il portait un nom bien gascon qui le prédestinait sans doute à une première place, Karribi (« j'arrive »).

Il avait déjà obtenu un prix au concours de Vic-Fezensac.

Miss du Trens inscrivit aussi son nom à cette compétition nationale.

Nymphe du Trens a été classée 6e sur 154 au CSO de Fontainebleau.

Blues du Trens, un étalon de 3 ans a subi avec succès les épreuves « en liberté » mais à échoué « monté ».

J'ai eu deux étalons qui ont été achetés par les Haras Nationaux, Fantoche et Objak du Trens.

Un bon palmares affiché d'ailleurs aux portes de vos écuries. A quoi attribuez-vous la réussite de votre élevage ?

Gaston Lézian :  La mère, l'étalon et le hasard.

Je pense aussi que le relief de mon exploitation contribue à une bonne musculation de mes animaux d'où des résultats en saut d'obstacle en effet.

Ils montent de multiples fois les collines du Nord et de l'Ouest.

Et la foire aux chevaux ?

Gaston Lézian : C'est une excellente initiative, Alex Chambas a eu là une idée géniale, la pérennité de la foire ( 37e édition) confirme qu'il avait vu juste.

Cette foire, j'y ai toujours vendu des bêtes ou du moins j'ai pris des contacts avec des acheteurs éventuels et puis c'est un lieu de rencontre entre gens qui ont la même passion et cela est aussi important que les affaires.

Un lieu de rencontre entre gens qui ont la même passion, ce sont aussi les mots de Francis Antoniolli qui organise la fête du cheval pour "permettre à tous les acteurs de se retrouver pour échanger autour de leur passion et pratique."

Pour tous les passionnés du cheval et pour les autres aussi, rendez-vous samedi 20 avril place Mahomme dès 10 h !

Pierre DUPOUY



 

 

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