Conjuguer l'amour des animaux et la vie professionnelle

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La médiation animale ... ou comment se sentir vraiment utile dans son métier

Comment devient-on éducateur canin ?

Dans le milieu animalier depuis sa plus tendre enfance, bénévole dès ses 12 ans et jusqu'à 16 ans dans un club canin, Pauline Blaes y a participé à toutes les activités. Ensuite, elle a suivi, dans ce même club, une session de formation dans le but de donner des cours avec des chiens, avec, à la clé, une attestation de connaissances délivrée par la centrale canine.

À 18 ans, après son bac, ses parents ont souhaité qu'elle s'oriente vers un diplôme avec des débouchés plus sûrs car ils étaient effrayés pour l'avenir professionnel de Pauline dans le secteur animalier. Elle s'est donc dirigée vers un diplôme de comptabilité gestion d'entreprise qui lui a ouvert les portes du monde du travail.

Grâce à la rencontre de son compagnon, Benjamin, passionné de chiens de traîneau et de sports d'attelage, elle a découvert, depuis quatre ans, un autre univers du monde canin.

Pour renforcer ses connaissances et surtout obtenir un diplôme qui élargirait ses possibilités professionnelles, elle a passé et obtenu le BP d'éducateur canin [1] avec une option médiation animale.

Cette option était celle proposée par un professeur à Gramat. [2] Membre d'une association s'occupant d'enfants à problèmes, il s'agissait de les accompagner avec un chien, lors de passage en justice, par exemple, pour les aider à être moins timide et à affronter des situations stressantes pour eux. Pauline, en compagnie d'Omer, son chien de traîneau groenlandais de deux ans, a suivi cette formation. Omer a ainsi été testé et habilité à rentrer dans des établissements spécialisés, type EHPAD avec notamment des unités Alzheimer.

Au départ, elle n'aurait pas forcément choisi de travailler dans le social. Mais comme l'animal facilite les contacts, pour Pauline qui appréhendait un peu la rencontre avec des personnes en difficultés, un univers inconnu pour elle jusqu'alors, cela se passe finalement très bien.

Peut-on vivre de sa passion ?

Dans le secteur animalier pour pouvoir survivre, il faut multiplier les activités. Benjamin, comme Pauline, ont chacun un emploi à l'extérieur pour pouvoir contribuer aux dépenses relatives à l'entretien de leurs animaux : neuf chiens dont cinq husky de Sibérie et deux groenlandais, quatre rats, un chinchilla, un lapin, trois chats et deux furets. Si les petits gabarits demandent plus d'entretien que de nourriture, les chiens de traîneau ont besoin d'une alimentation équilibrée et nécessite des frais de vétérinaire importants (vaccins et surtout tests de santé pour chaque animal). L'élevage canin Of Nordic Moon propose donc des activités de sports d'attelage : traîneau, kart, cani-vtt, cani-cross, pour des particuliers ou lors de fêtes de villages. 

Aurélie poursuit sa scolarité à l'IME (Institut Médico-Éducatif) Les Hirondelles, à Auch, mais elle aura bientôt 18 ans et va devoir, à la fin de l'année scolaire, trouver sa voie. Aussi, depuis la rentrée de septembre 2019, grâce à Pauline et à la persévérance de sa mère pour lui trouver une entreprise qui veuille bien l'accueillir, elle suit un stage dans un élevage canin, Pour trouver un emploi et aussi savoir dans quel environnement elle veut évoluer, elle passe une demi-journée avec Pauline. Cette dernière, en tant que maître de stage, fait en sorte de lui apprendre à devenir plus autonome, à prendre confiance en elle, voire essayer d'avoir des initiatives, lui faisant effectuer de nombreuses tâches variées. Durant ce stage, elle va aussi suivre des chiots dès leur naissance. Au mois de juin, elle aura vu un maximum de choses différentes et cela lui permettra de choisir dans quel environnement et avec quels animaux elle préfère travailler. La mention de ce stage sur son curriculum vitae lui ouvrira des portes pour l'avenir, on peut l'espérer !

Après avoir obtenu son brevet professionnel, Pauline a donc multiplié les contacts pour trouver des structures qui l'accueilleraient avec ses animaux.

Dès la rentrée de septembre 2019, l'entretien avec Muriel Caricola, chef de service éducatif, et Sébastien Calmeil, directeur de l'IME SESSAD (Services d’Éducation Spéciale et de Soins À Domicile) «Terre d'envol» (*), à Condom, a débouché par une séance hebdomadaire avec des enfants accompagnés par les éducateurs. Pauline, elle, choisit les animaux, jamais plus de deux.

Quels animaux peuvent participer à des médiations ?

Ils sont nombreux à le pouvoir mais il faut les éduquer dès leur plus jeune âge. Ils doivent apprendre à développer une grande confiance en l’humain, ainsi qu’en eux-mêmes. Cela leur permet ensuite d’être de très bons compagnons de vie. Un animal médiateur ne doit pas seulement être un animal gentil, il doit en toutes circonstances garder son calme.

Le bien-être de l'animal doit également être respecté lors des ateliers. C’est aussi important pour lui que pour les personnes qui le rencontrent. L'animal doit se sentir bien dans le rôle qu’on lui demande de jouer.

Il s'agit d’observer le comportement de l'animal, interpréter des signaux peu perceptibles qui indiquent une certaine lassitude ou inquiétude de l’animal. C'est le rôle de l'éducateur de relever les signes, les mimiques, et d'interpréter les divers comportements. Cette observation attentive permet d’analyser au mieux chaque situation vécue par les animaux et de tout mettre en œuvre pour que les besoins de l’animal et son état émotionnel du moment soient respectés. Ce travail d’équipe, dans lequel le rôle de chaque intervenant est bien défini, rend possible un travail de qualité pour les malades et de respect envers l’animal.

Ainsi, le travail pour éduquer les animaux avant de les emmener au contact d'enfants ou de personnes âgées, est considérable. Il faut les habituer à être en contact avec l'humain. L'éducation d'un animal se fait sur du long terme. Pauline a choisi un second chien pour accompagner Omer encore un peu jeune et à l'énergie pas toujours facile à canaliser, mais surtout impressionnant du fait de son gabarit. Pearl, une femelle berger allemand, est donc venu renforcer l'équipe, de même que Desperado, chaton récupéré auprès d'une association ; ils ont tous les deux été choisis avec une fourrure noire pour combattre les préjugés ; la SPA reconnaît que les animaux de cette couleur sont ceux qui sont les plus délaissés.

Une séance de médiation :

Dès leur arrivée, les animaux, tous équipés de harnais, vont directement vers les participants qui, à leur vue, montrent leur satisfaction de les revoir. Ils se dirigent immédiatement vers ces jeunes comme s'ils sentaient que ceux-ci étaient en demande de contact et ils se laissent alors facilement manipuler.

Muriel Caricola nous confie au sujet de ses séances hebdomadaires du lundi :

Je souhaitais tenter l'aventure de la médiation animale et c'est moi qui suis entrée en contact avec Pauline. Depuis, aucun regret ! C'est extrêmement bénéfique pour nos jeunes. Pauline est investie, dynamique, a de l'idée. Je souhaite poursuivre, elle est abordable, elle entend les remarques On a une très grande connaissance de nos jeunes et Pauline a une très grande connaissance de ses animaux ; le tout, c'est de trouver le point de rencontre entre tout cela. Elle est très à l'écoute  ; certains jeunes vont préférer le chat, d'autres les chiens, dans d'autres cas, cela va mal se passer et il faudra peut être interrompre ; or, elle réagit toujours positivement aux différentes situations, grâce à une grande réceptivité. La situation est chaque semaine différente, il faut savoir s'adapter, Pauline le sait. »

Contact pour la médiation animale : Pauline Blaes avec son site Facebook sur lequel vous retrouverez toutes les coordonnées nécessaires. 

[1] L'éducateur canin s'occupe des chiens selon des méthodes adaptées à la race et à l'environnement de chaque animal (chien de garde ou de compagnie). Il travaille donc sur la relation homme/chien. Il conseille des propriétaires de chiens sur les attitudes, les gestes et comportements à avoir en présence de leur chien et répond à toutes les questions liées à la possession d’un chien : alimentation, santé, hygiène, confort, législation, civisme, cynophilie, etc. Ce professionnel peut exercer d'autres activités, comme l'élevage ou la pension pour chiens. Il doit gérer son entreprise et organiser son travail en fonction des réglementations en vigueur.

[2] Le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA) du Lot, à Gramat, où Pauline a été passer son diplôme d'éducateur canin est une des quatre écoles de France à former aux métiers animaliers. Très bon choix de la part de Pauline puisque la notoriété de Gramat, situé dans le parc naturel régional des Causses du Quercy, repose sur son parc animalier, son hippodrome et le centre national d’instruction cynophile de la Gendarmerie Nationale.

(*) Le Journal du Gers les remercie vivement de lui avoir accordé l'autorisation de suivre un atelier dirigé par Pauline.

Photos Condom Marc Le Saux

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