La commune crée un lieu de mémoire pour rappeler le sens du « 19 mars 1962 » et de la guerre d’Algérie

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Franck Montaugé sénateur était présent

Samedi 28 mai 2022, à l’invitation de Claudine Danezan Maire de Marestaing et de son conseil municipal, Franck Montaugé a tenu a remercier la commune pour son initiative de création d’un lieu de mémoire consacré au cessez-le-feu de la guerre d’Algérie. Une guerre qui n’a longtemps pas dit son nom et dans laquelle de nombreux gersois, appelés du contingent ou militaires de carrière ont été engagés. La FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie) et ses porte-drapeaux ont témoigné par leur présence de leur attachement à faire vivre la mémoire et la reconnaissance. Dans son allocution, le sénateur Montaugé a remercié la mairie et rappelé l’ampleur de ce conflit lié au processus historique de décolonisation.

« Il aura fallu attendre 1999 pour qu’une loi donne officiellement aux événements d’Algérie le nom de « guerre ». C’est dire combien est complexe le rapport de la France avec cette partie de son histoire qui s’est étalée sur 130 ans, du débarquement dans la baie de Sidi Ferruch sous Charles X en juillet 1830 aux accords d’Évian de mars 1962 !

A la fin de cette période, 8 années à l’issue desquelles il est impossible de dire avec certitude combien de personnes ont été tuées. L’estimation la plus plausible tourne autour de 500 000 morts, qui se répartissent de façon très inégale. Les Algériens ont payé de très loin le plus lourd tribut : sur la base des recensements, les pertes varient entre 300 000 à 400 000 tués, auxquelles s’ajoutent 15 000 à 30 000 harkis du côté français. Chez les civils, on recense 3 000 tués et autant de disparus (900 pendant la guerre et plus de 2 000 après le cessez-le-feu du 19 mars 1962). L’armée française, composée de 1 350 000 appelés du contingent et de 400 000 militaires de carrière, a enregistré la perte de près de 30 000 soldats, dont un millier de disparus.

On estime que des troubles psychiques – on appelle cela maintenant des syndromes post traumatiques – ont affecté 250 à 300 000 hommes. Une souffrance vécue en secret du fait de blessures mentales à la fois invisibles et cachées ? Souvent, ils ne pouvaient même pas en parler et la douleur intime, toujours vive, les a accompagnés jusqu’à la fin de leurs vies.

C’est ça la guerre aussi, et je crois que nul ne peut le mesurer pleinement qui n’y est pas confronté. J’ai été témoin de cela dans ma famille et cela m’a beaucoup interrogé sur le rapport à « la mémoire, (à) l’histoire (et à) l’oubli »… pour reprendre le titre du livre important du philosophe Paul RICOEUR (*) sur ces sujets.

" bMadame le maire, Mesdames et Messieurs, pour toutes ces raisons et bien d’autres qui auraient mérité d’être abordées par le prisme de ce que nous en disent les historiens et les sociologues, je voudrais vous remercier d’avoir fait avec cette réalisation œuvre républicaine.

Pour moi et je vous le dis comme je le ressens, cet « espace du 19 mars 1962 » à Marestaing vient prendre place dans « les lieux de mémoires » de la Nation française dont Pierre NORA (**), avec l’équipe d’historiens qu’il a conduite, a si bien rendu le sens et dit l’importance pour les vivants que nous sommes. Et tout particulièrement pour les plus jeunes d’entre nous que les enseignants aideront à comprendre pour mieux avancer dans la vie et construire, elles ne sont jamais acquises, la paix et la démocratie.    

Madame le Maire, vous avez pris votre part du chemin, du long chemin qu’il reste à parcourir pour surmonter collectivement les « non-dits » dont souffre la société française depuis 60 ans à cause de la guerre d’Algérie et de la longue période d’histoire qui l’a engendrée. Pour le citoyen raisonnable, la politique de l’oubli n’est pas une option et je tiens ici à saluer la démarche engagée au plus haut niveau de la République pour réconcilier les mémoires.

Le rapport de l’historien Benjamin STORA remis au Président de la République va permettre de mieux regarder le passé en face et je l’espère de cheminer, pas après pas, vers la vérité historique, comprise et reconnue du plus grand nombre, en France… et en Algérie.

C’est là une grande ambition, une ambition que je crois absolument nécessaire et une ambition nationale à laquelle la commune de Marestaing aura pris sa part, de façon tout à fait remarquable. Soyez-en ici toutes et tous remerciés !"

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