C’était il y a 110 ans, à Roclincourt , petit village du Pas de Calais , au nord d’Arras . Partis depuis quelques mois de leur Gascogne qu’ils n’avaient jamais quittée auparavant, plusieurs milliers d’hommes parmi lesquels une majorité de Gersois appartenant au 88ème et 288ème RI et au 135ème RIT ont tenté le 9 mai 1915 de reconquérir la crête de Vimy et de Notre Dame de Lorette . C’était un dimanche , montés au son de la Marseillaise ! Ne pouvant pas franchir les 300 m les séparant des lignes ennemies. 5100 hommes sont mis hors de combat, tués, blessés ou disparus dont 1131 Gersois. Si l’offensive s’est poursuivie durant plusieurs mois, c’est la date du 9 mai qui reste la plus significative, aussi bien pour les habitants de la région que pour les Gersois. Ainsi est née une amicale regroupant familles et amis descendant de ces victimes. Déjà en 2015 , pour le centenaire de cette bataille , une forte délégation de Gersois s’était retrouvée à Roclincourt devant le mémorial érigé en 1953 sur une parcelle cédée par la commune au département du Gers .
110 ans après , une vingtaine de personnes , membres de l’Amicale dont trois porte-drapeaux ont à nouveau fait le déplacement . Cérémonie émouvante où se mêlaient souvenirs et respect, en parfaite collaboration avec la municipalité , l’Amicale locale, les enfants de l’école , les gardes d’honneur de Lorette . Office religieux, discours par Thierry Moulin , maire de Roclincourt et Marcelle Taffeneau co-présidente de l’amicale des descendants et amis du 88ème, 288ème et 135ème , témoignages lus par les enfants, Marseillaise, exposition des visages de quelques victimes retrouvées dans les photos de famille, dépôt de gerbes dont l’une du Conseil départemental du Gers. A noter la singularité de la gerbe offerte chaque fois par l’Amicale, une corbeille d’épis de blé, certains secs rappelant ceux qu’avaient moissonnés nos poilus avant de partir , d’autres encore verts pour symboliser que la vie finit toujours pas renaitre ! Echange de cadeaux, de souvenirs , plaque dévoilée à la mairie, et un repas pris en commun ont terminé cette cérémonie .
110 ans ont passé et le souvenir perdure , aussi bien pour ceux qui vivent sur le terrain des opérations que pour les descendants des victimes gersoises
Durant ce séjour en Artois ,un hommage a également été rendu à plusieurs poilus gersois dont la sépulture a été retrouvée dans différents cimetières : Abeilhé Jean-Baptiste à La Targette tout comme Baron Henri, Lacroix Théodore, Cassagnabère Jean-Marie et Barrère Jean-François Eugène , alors qu’Augustin Barthélémy repose au cimetière de Notre Dame de Lorette. Chaque fois, dépôt d’un petit bouquet de blé, minute de silence en présence d’un porte drapeau.
Pour la première fois, Mr Yves Lannes a pu se recueillir sur la sépulture de son grand-père maternel à Notre Dame de Lorette tandis que pour Mr et Mme Abeilhé c’était la tombe de leur grand-oncle à la Targette . Des moments d’une grand émotion !
Voyage de mémoire admirablement préparé par les différents organisateurs avec une mention spéciale pour Laurence Lamarque qui depuis des années, par ses recherches aux Archives, sur Internet , dans les familles mais aussi en se rendant sur les lieux , en prospectant les cimetières militaires, cherche à redonner une identité, parfois même un visage à ceux qui dorment à jamais sur ces terres d’Artois, bien loin de la Gascogne qu’ils avaient quitté la fleur au fusil pensant être de retour au plus tard à Noël ! .