Dimanche 22 juin, un collectif gersois appelle à une grande journée de mobilisation à Auch pour sensibiliser aux causes de l’exil et affirmer une solidarité sans frontières. Une déambulation festive, citoyenne et humaine, dans un contexte où les tensions autour des migrations s’intensifient en France et en Europe.
« Humains d’abord » : c’est sous ce mot d’ordre simple et puissant qu’un collectif d’associations, de collectifs citoyens et d’habitant·es du Gers organise, ce dimanche 22 juin à Auch, une marche ouverte à toutes et tous. Une déambulation engagée, joyeuse, et profondément humaine, pour porter un regard lucide mais solidaire sur la réalité des exils dans le monde. Dans une atmosphère de plus en plus marquée par la méfiance, la stigmatisation et la montée de discours hostiles envers les personnes étrangères, cette journée se veut un contre-pied assumé, un appel à la conscience et à la fraternité.
L’exil, une réalité mondiale... et durable
Aujourd’hui, les chiffres sont sans appel. Selon l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), 122,6 millions de personnes dans le monde sont déplacées de force – un record historique. Fuyant les guerres, la répression politique, les persécutions, les catastrophes climatiques ou encore la misère, elles sont souvent contraintes de quitter leur foyer du jour au lendemain, sans retour possible. La France accueille une part modeste de ces personnes : 599 436 réfugié·es recensé·es en 2023, soit 0,8 % de la population selon l’OFPRA. Un chiffre bien éloigné des fantasmes relayés dans le débat public, mais qui suffit pourtant à alimenter peurs, amalgames et discours de rejet.
Une marche pour dire non à la peur, oui à la solidarité
À Auch, le collectif à l’initiative de la marche veut justement redonner visage et dignité à ces exils souvent anonymes, en tissant le lien entre ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain. « Nos grands-parents ont fui le franquisme, d’autres les dictatures d’Italie, du Portugal, les guerres coloniales ou la Shoah », rappelle une membre du collectif. « Aujourd’hui, c’est au tour d’autres peuples de fuir. Et demain, ce pourrait être nous. Le dérèglement climatique ou les conflits à nos portes pourraient, un jour, nous jeter sur les routes. » La marche du 22 juin s’annonce à la fois festive et porteuse de sens, mêlant prises de parole, moments musicaux, partages culturels, témoignages et ateliers. L’objectif : rappeler que les personnes exilées ne sont pas des chiffres, mais des êtres humains, porteurs de récits, de luttes, d’espoirs.
Une diversité à accueillir, pas à craindre
Le message de cette journée est clair : la diversité est une richesse, pas une menace. Là où certains responsables politiques multiplient les lois sécuritaires, les expulsions et les discours de suspicion, les organisateurs de la déambulation préfèrent parier sur la rencontre, l’écoute et la reconnaissance de l’autre. « Criminaliser l’exil, c’est nier notre propre histoire et notre humanité », insiste l’un des organisateurs. « Nous ne voulons pas d’un monde de murs et de frontières. Nous voulons un monde de ponts. »
La marche est ouverte à tous les citoyens, avec ou sans attache militante. Familles, jeunes, retraités, nouveaux arrivants ou anciens du coin : toutes les générations sont appelées à marcher ensemble, pour porter haut cette idée simple mais essentielle : nous sommes d’abord des êtres humains. Et la solidarité ne connaît pas de frontières.
Programme indicatif de cette journée festive.
9H30 Gare d'Auch - venez inscrire des mots, des phrases sur les exils - 10H Départ pour la Déambulation urbaine, marche accompagnée de batucada : Drums arrangés - 11H - 11H30 Escale Esplanade du Garros - Chorale Shekinah - 12h -12H30 Place du caillou : témoignages d’exilés espagnol, chorales - 13h Place Barbès : Repas partagé, chantant avec chorale « les Trompettes de Fallope »
A partir de 15H Place Barbès (en cas d’intempéries repli halle Verdié), installation des valises et tissus de la déambulation, stands, atelier calligraphie « votre nom calligraphié », échecs, jeux de plateau du monde, animations sportives. De 15H à15h45 : « C’est quoi l’exil ? » (causes, traversée, accueil) par Malam - 16H - 17H : échanges et présentation du collectif d’accueil des migrants Gers (CCM32) , SOS Méditerranée, Saves climat, Lou Madrigual - 17h concert avec « Udjamaa » - 18H et plus si … Toute la journée, petite restauration et buvette sur place.
Précision concernant les dons que vous pouvez faire: : ces dons sont partiellement déductibles de vos impôts. Ils donnent droit à un reçu fiscal qui vous sera envoyé par courriel début 2026 par l association SOMILO. L'évènement est organisé par un collectif bénévole. " Nous faisons appel à nos réseaux pour prêter ou donner du matériel, du temps, des savoirs-faire. Nous aurons cependant besoin de financement pour proposer un évènement tel que nous l'avons imaginé. " Voici les frais que nous engageons pour cette journée déambulée et festive : Communication : 500€ - Groupes de musique : 800€ - Restauration intervenants : 500€ - Droits SACEM (diffusion musicale) : 100€ - Céation flyer : 100€ - Fournitures diverses : 300€ - Défraiement déplacements : 300€ - Assurance : 50€ - Goûter et apéro : 200€
Si, grâce à vous, nous collectons plus de 3000€, le surplus sera redistribué aux collectifs d'accueil de familles migrantes du Gers.
La collecte est organisée via l'association Solidarité Migrants Lomagne et sera utilisée pour couvrir les frais de l'évènement. Cette association est l'un des 18 collectifs ou associations d'accueil et accompagnement de familles migrantes dans le Gers, regroupés au sein de CCM32, coordination des collectifs migrants du Gers. Si la collecte excède les besoins de l'évènement, le surplus sera reversé à CCM32.
Porteurs du projet
Un collectif dédié à la préparation de l'évènement du 22 juin 2025 s’était réuni dès le mois de septembre 2024. Il regroupait des représentants de plusieurs collectifs / associations membres de CCM32, coordination des collectifs d'accueil de migrants du Gers, de SOS Méditerranée, de Savès climat, ainsi que des citoyens et citoyennes à titre individuel. Ce collectif a créé des liens avec des artistes et d'autres structures, comme le lieu d'accueil migrants " Lou Madrigal", à Lannemezan et l'Abri des possibles, à Auch, afin d'organiser un évènement festif, à forte dimension artistique, s'adressant à un large public.
Des personnes exilées participeront à l'évènement et certaines seront amenées à témoigner et échanger sur leur vécu. Ce dernier avait proposé en juin 2024 un premier évènement à Sansan, “Hommage aux exilé.es morts en Méditerranée (ou ailleurs)”, et avait mobilisé un public conséquent qui malgré la dureté du thème était reparti heureux de toutes ces rencontres.
Pour découvrir ce premier évènement, lire notre article : https://lejournaldugers.fr/article/76400-la-mediterranee-un-vaste-tombeau-le-temoignage-de-mohammad et celui d'Yves Faucoup dans Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/200624/hommage-aux-exiles-disparus