Une voix de soprano vint caresser les voûtes de la cathédrale Saint-Pierre : Sonia Sempere. L'orgue jubilait sous les doigts d'Emmanuel Pélaprat !
Le public avait envahi la cathédrale quand cette dernière entendit l'orgue s'activer.
Emmanuel Pélaprat, l'organiste, commença le concert par la Toccata en mi mineur de Johann Sebastian Bach. Cette pièce musicale exige beaucoup de virtuosité, une grande technique et une forte indépendance des mains. Elle expose le principe du concerto avec le dialogue entre le tutti et le solo, réalisable grâce à la bonne utilisation de toute la panoplie des registres de ce bel instrument. Une fin puissante, brillante, majestueuse ponctue le morceau.
Deux lieder de l'opus 105 de Max Reger, dédiés à la Vierge Marie, ramenèrent le calme et l'apaisement dans l'édifice. La belle voix de Sonia Sempere pleine de grâce, vint se superposer à l'accompagnement de l'orgue. Tout à coup, celui-ci se fit discret et mystique avec des harmonies plus modernes mais véritablement exquises.
Deux morceaux des Vêpres opus 37 de Sergei Rachmaninoff prolongèrent ce climat de méditation et de spiritualité. D'ailleurs le compositeur avait demandé « Nunc dimittis » pour ses propres funérailles. En même temps, un hommage à l'abbé Amadio fut rendu avec « Réjouis-toi, Vierge Marie ».
Puis le très célèbre Ave Maria de Franz Schubert s’échappa de la tribune pour le bonheur des nombreux spectateurs. Le timbre de la voix de Sonia Sempere présenta à merveille la douce et légère mélodie sur les délicats arpèges de l'accompagnement.
L'Ave Maria de Pietro Mascani offrit plus d'intensité et de vigueur, mélodiquement, avec une tessiture beaucoup plus large.
Le cantique de la Sainte Cécile d'Ernest Chausson prit sa place. Ses trois petites strophes remplies de fervente émotion forcent l'admiration et la méditation. Les musiciens souhaitent sa fête le 22 novembre.
Deux invocations à la Vierge Marie de Franz Liszt emboîtèrent le pas avec tout le mystère de l'écriture lisztienne. Il faut garder en mémoire toute la musique sacrée composée par ce fabuleux pianiste. En 1865 il reçut les ordres mineurs !
Ô Salutaris de la Petit Messe Solennelle de Gioachino Rossini posa un point d'orgue à ce magnifique concert. Avec cette pièce d'apparence beaucoup plus légère, truffée de marches harmoniques et de vocalises, Sonia Sempere en profita pour montrer ses excellentes capacités vocales. Emmanuel Pélaprat était toujours là, à la console, avec son parfait toucher.
Le public se dressa comme un seul homme pour ovationner ces artistes inondés de savoir, de talent et de musicalité. Le fracas des applaudissements avait remplacé la superbe musique, mais ce tintamarre, bien doux aux oreilles des musiciens, exprimait la reconnaissance, le bonheur et les remerciements. Ce spectacle fut l'apogée de cette saison 2023 des Vespérales de Condom.
Les mélomanes le savaient bien : c'était l'événement à ne pas manquer. Ce concert du 15 août demeurera dans toutes les mémoires par l’opportunité du programme et par les compétences de ces admirables, voire divins praticiens de l'art du son. Quelle fierté d'avoir joui de ce privilège !
Merci Madame ! Merci Monsieur !
La page des Vespérales 2023 est terminée mais pas tout à fait tournée. Les Amis de l'Orgue soutiennent le duo « Au fil de l'Air » avec Angélique Lézin à la flûte traversière et Christophe Bouhier à l'orgue. Venez les honorer et les applaudir à leur tour le mardi 22 août.
SV
Crédit photo : Marc Le Saux