Période de sécheresse : certaines rivières coulent encore (1ère partie)

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L'exemple de l'Osse

« Pachera » en gascon veut dire que la rivière a suffisamment d’eau pour couler au-dessus des divers barrages (las pacheros) qui freinent son cours.

Surprenant en cette période de sécheresse et pourtant certaines rivières coulent : la Guiroue chantonne dans son lit comme un petit torrent pyrénéen ; dans l’Osse, les nénuphars s’arriment pour ne pas partir au fil de l’eau ; dans ces deux vallées, les maïs contrastent par leur verdeur avec ceux des vallées voisines.

Nous avions voulu, il y a quelques années, remonter à la source et savoir comment ces rivières pouvaient encore servir leurs riverains en eau d’irrigation et réjouir les pêcheurs qui continuaient à y tremper leur fil.

Le sénateur Marc Castex, aujourd’hui disparu, qui s’est toujours passionné pour l’hydraulique et a œuvré, en tant qu’élu, pour les réalisations qui font que l’Osse et la Guiroue ont de l’eau, avait bien voulu, à l’époque nous confier ses archives personnelles. Nous y avions puisé l’histoire…

L’alimentation de l’Osse

1860, Napoléon III règne sur notre pays. On se soucie d’irriguer la Gascogne par les eaux pyrénéennes.

Hélas, l’Osse n’entrera pas dans le programme, les riverains par âme républicaine ou intérêt refusent de participer aux dépenses. Cependant, le canal de la Neste est construit comme s’il devait livrer ses 500 litres par seconde à l’Osse.

On persiste dans le refus et l’eau est donnée aux Baïse. L’Osse restera à sec jusqu’en 1963.

En période d’étiage, le géographe local, Zacharie Baqué, la décrit : «  La rivière est à sec ; les luzules et nénuphars s’y développent comme dans un étang ; les barrages ne laissent déverser aucun trop plein et les nombreux moulins qui se font suite sont obligés d’interrompre leurs activités par manque d’eau ».

Les préjudices de ce manque d’apport d’eau furent importants. Il joua notamment un rôle dans l’exode rural. La population baisse de 1867 à 1962 de 36 % contre 24 % dans la vallée voisine de la Baïse.

Le 8 juillet 1950 est créé le Syndicat d’alimentation de l’Osse par la Neste. Le président en est Louis Gélas, maire de Vic. En 1951, on fait savoir qu’on ne peut répondre à la demande du syndicat, la Neste ne débitant que 9,500 m3 seconde. On pouvait espérer une solution au problème, mais on se heurte alors à un décret du 8 août 1909 qu'il fallait modifier.

Le 25 mars 1959, Marc Castex succède à Louis Gélas à la tête du syndicat. Ses interventions vont être nombreuses et souvent musclées : cette affaire a exigé de lui 34 déplacements dont 12 à Paris et des kilos de dossiers.

Le projet initial est déposé au ministère de l’agriculture. Le 25 avril 1961 (deux ans après), une note adressée au directeur général du génie rural et signée de « l’administrateur civil chef du bureau 23 » contient une conclusion qui ne manque pas de saveur : « La solution projetée est-elle compatible avec la satisfaction des droits acquis (décret de 1909) et des besoins essentiels actuels notamment en ce qui concerne la navigation entre l’Isle-de-Noé et le pont de Bordes ». Depuis 1935, les quais de Saint-Jean Poutge étaient abandonnés et les péniches n’ont jamais remonté jusqu’à L’Isle-de-Noé !

Marc Castex va donc s’orienter vers un autre projet et faire appel à la Compagnie des coteaux de Gascogne.

Le 11 août 1962, un projet d’aménagement de la vallée de l’Osse est communiqué au ministère de l’agriculture (transfert de 500 l/s de la Baïse dans l’Osse par pompage).

On reconnaît l’urgence de la réalisation du projet mais les crédits sont déjà répartis ou engagés.

Grâce à M. Loubet, 2.000.000 de francs figurent dans le collectif budgétaire pour la vallée de l’Osse.

La rivière coulera enfin en 1963.

Le département n’a pas eu à débourser un centime, ni à garantir le moindre emprunt.

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