Retour sur l'histoire des Silos Vicois...avant qu'on ne nous les prenne...

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A la sortie de Vic-Fezensac, de part et d'autre de la route de Mouchan, s'élèvent deux bâtiments agricoles emblématiques de Vic-Fezensac : la cave viticole et les silos.

Les deux bâtiments sont presque centenaires.

Malheureusement, l'un d'eux ne  fonctionne plus, la cave dont nous avions déjà évoqué l'histoire dans un précédent article :

https://lejournaldugers.fr/article/60941-la-cave-cooperative-vinicole-a-vecu

Revenons sur l'histoire du deuxième ensemble coopératif, les fameux Silos Vicois :

1933, nous sommes en plein libéralisme économique, les cours des céréales dégringolent, du blé canadien entre en masse dans les ports français.

Le parlement prend des mesures notamment il vote une prime pour le stockage des céréales d'une année sur l'autre.

Les agriculteurs ne sont guère équipés pour une telle opération.

A l'époque, on conserve au grenier le blé de semence, le tas de blé pour échange « blé-pain » - en effet, à cette époque le boulanger prenait les sacs de blé et donnait en échange des bons pour un certain nombre de kilos de pain -, celui où l'on prendra la « graéro » pour le carillonneur et le « vingtième » pour le denier du culte de monsieur le curé.

Mais on n'est pas équipé pour un stockage d'importance.

Il fallait donc créer une coopérative pour assurer ce stockage.

Le docteur Delucq, maire,  réunit une petite équipe le soir du 24 décembre, certains invités viendront à pied car la neige recouvrait la campagne et de cette réunion naîtront les Silos vicois.

80 agriculteurs deviennent adhérents et la capacité de stockage est de 25 000 quintaux.

La construction des premiers silos 

En 1936, on ajoute d'autres moyens de stockage et on démarre une coopérative d'approvisionnement en engrais.

En 1939, un silo hangar peut recevoir 10 000 quintaux de céréales secondaires et abrite les deux camions qui sont confiés à Linès et à Charles Olly qui assurent les services de retrait de grain et livraison des engrais dans les fermes.

En 1956, les Silos achètent les locaux de la gare désaffectée et on crée la station de triage de semences.

En 1958, c'est un nouveau silo de 20 000 quintaux qu'on portera ensuite à 32 000 en installant un groupe de séchage.

En 1964, sort de terre ce que les Vicois appelleront « la grosse marmite », un silo d'une capacité de 30 000 quintaux.

En 1980, s'élèveront les sept cuves silos, un chantier qui sera un véritable lieu de visite des Vicois.

On coule le béton nuit et jour et sous les projecteurs, on voit évoluer en ombres chinoises les ouvriers de l'entreprise Rosina. Ils utilisent une technique nouvelle, un coffrage sur vérin qui monte de 18 à 20 cm à l'heure jusqu'à atteindre 20 mètres.

Les Silos sont devenus la maison de l'agriculteur qui s'efforce de répondre à ses besoins.

Un magasin complètera la fonction silos, la gestion suivra et la modeste coopérative deviendra une PME importante avec des activités variées qui créera de nombreux emplois.

Même si les structures et les modes de fonctionnement évoluent, l'esprit coopératif demeure.

Entendu à propos de cet esprit coopératif lors de l'assemblée générale de 1977 : « Il faut y croire et sa réussite sera l'oeuvre des coopérateurs eux-mêmes. La confiance entre adhérents, personnel et direction doit en faire une grande famille unie. »

L'inauguration des silos vicois en 1936 en présence de l'inspecteur général d'agriculture Bachala, du docteur Delucq, du préfet Dupart, de messieurs Catalan, Corneille, Tournan (archives Claude Hourcade )

En 1977, les adhérents sont passés de 80 à la création des Silos à1700.

Les Silos offrent aux agriculteurs :

  • le stockage et la commercialisation des céréales, paille, oléagineux, maïs

  • la production de semences sélectionnées dont 35 000 quintaux sont produits par les adhérents

  • la fourniture des produits nécessaires à l'agriculture

  • les produits de traitement

Toujours en 1977, pour assurer tous ces services, les Silos disposent de 5 camions multibennes pour la collecte des céréales et la distribution d'engrais en vrac.

53 personnes occupent les différents postes de la coopérative et on embauche pour un mois 10 ouvriers saisonniers.

En 1978, la collecte totale sera de 330 000 quintaux (blé, autres céréales, oléagineux, maïs)

Au 30 juin 1978, le chiffre d'affaires de la coopérative est de 61 millions de francs.

Un témoin nous parle de la construction des "marmites", les cathédrales des temps modernes  :

« Comme des champignons après une ondée automnale, sept cuves silos ont poussé route de Mouchan avec en toile de fond le rideau de peupliers : quatre énormes cylindres de 17,50 m de diamètre, quatre autres de 5,10 m sur une hauteur de 20 mètres.

Les chefs de chantier de l'entreprise Rosina, les frères Rodriguez, m'ont invité à profiter du magnifique panorama que l'on découvre depuis l'échafaudage belvédère qui court sur le pourtour du silo.

Avec la passion des bâtisseurs de cathédrales, ces homme parlent technique et matériau.

Pour eux qui ont élevé des tours hertziennes de 104 mètres de haut et qui pensent déjà à des chantiers de centrales nucléaires, le béton n'a plus de secret.

Ils en ont coulé plus de 1500 mètres cubes dans les fondations, 225 mètres cubes par grosse « marmite », du béton qui est soumis à analyse-contrôle tous les 3 mètres. Ils ont assemblé 40 à 45 tonnes de ferraillage pour chaque silo.

Du manœuvre au chef de chantier, tous ont la satisfaction de contribuer à une œuvre qui marquera »

Pierre DUPOUY

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